"Les études sociologiques des dernières décennies montrent de profondes mutations dans la religion, notamment à travers la complexification croissante des parcours et des attitudes religieuses, la prolifération des croyances et la transformation des espaces de religion. La mise en perspective de ces résultats avec les méthodes quantitatives présente un décalage dans les réalités qui sont témoignées. Les statistiques peinent à aller au-delà de la constatation d’une baisse de la pratique religieuse en France et lorsque les quantitativistes tentent de discuter les résultats micro-sociaux dans leurs enquêtes, les données soulignent toujours le poids de l’assistance au culte dans la vie religieuse des individus. Ce constat d’une sorte de paradoxe dans la recherche nous pousse à nous demander comment la religion est-elle traitée dans la quantification compte tenu de la difficulté d’approche et de la particularité de la population concernée ? La comparaison du traitement de la religion dans les enquêtes Trajectoires et Origines (Ined - 2008) et European Social Survey (ESS - 2008) met en lumière toute la complexité de la mesure de la religion en sociologie. Elle met en évidence toute l’influence des choix méthodologiques dans la production des données. Les statistiques, souvent perçues comme des preuves incontournables sont soumises à des constructions sociales qui orientent les données obtenues. A travers toute la sensibilité de l’objet religieux, la comparaison des enquêtes donne des pistes méthodologiques pour l’interprétation d’une donnée statistique en sciences sociales."