La littérature sur les perceptions sociales des conducteurs montre que les femmes sont considérées comme incompétentes et prudentes, tandis que les hommes sont considérés comme compétents et imprudents (Chateignier et al., 2011 ; Degraeve, Granié, Pravossoudovitch & Lo Monaco, 2015 ; Degraeve, Granié, & Pravossoudovitch, 2014). Dans cette lignée, Granié et Papafava (2011) montrent que les adolescents et pré-adolescents différencient déjà l’expertise et les compétences en matière de conduite automobile selon le sexe de la cible : les femmes sont perçues comme ayant des compétences en termes de sécurité mais pas de maîtrise du véhicule, tandis que les hommes sont perçus comme ayant des compétences de maîtrise du véhicule tout en négligeant la sécurité (voir également Krahé, 2005 ; Özkan & Lajunen, 2006). Selon les auteurs, cette différence dans l’attribution des compétences de sécurité serait une conséquence des jugements effectués en termes de maîtrise : pour les adolescents, les hommes posséderaient des compétences naturelles pour la conduite ce qui leurs permettaient de prendre des risques. A l’inverse, les femmes se montreraient plus prudentes et conformes aux règles routières pour pallier leurs inaptitudes naturelles pour la conduite. Dans ce contexte, la présente recherche tente d’aller plus loin sur la question des jugements sociaux émis selon le sexe du conducteur en examinant l’influence de la compétence de conduite sur les jugements effectués en termes prise de risque et d’appartenance à un groupe de sexe/genre particulier. Plus précisément, il s’agira de montrer que les individus font des inférences différentes en termes de comportements à risque au volant et de catégorisation du conducteur-cible à un groupe de sexe/genre particulier en fonction du niveau des compétences de conduite.