Le polyamour face au droit
Résumé
Malgré l’apparente reconnaissance de la diversité des familles, force est de constater que le droit ne laisse pas la définition de la conjugalité à la discrétion totale de ces dernières. A cet égard, les familles ne peuvent prétendre à une reconnaissance légale que dans la mesure où elles n’excèdent pas deux partenaires. Lorsque le droit français envisage la relation conjugale à plus de deux, c’est sous l’angle de la polygamie qu’il considère incompatible avec l'identité française et contraire à l'ordre public et aux bonnes mœurs. À cet égard, elle fait l'objet d'une prohibition pénale et civile. Différent de la polygamie qui reste une structure hétérosexuelle dans laquelle les multiples époux ou épouses sont eux-mêmes monogames, le polyamour se définit comme étant un mode de vie relationnel dans lequel il est possible d'entretenir plusieurs relations amoureuses et sexuelles à la fois .
Cette contribution entend susciter une réflexion autour de l’absence de traitement du polyamour par le droit. Bien que ce dernier ne s’intéresse pas aux polyamoureux, les polyamoureux s’intéressent au droit et l’utilisent de manière ingénieuse afin d’organiser leur vie de famille. Seulement ces usages détournés du droit contiennent leurs limites et n’équivalent pas aux régimes juridiques existants lesquels accordent de nombreux avantages économiques et sociaux aux couples monoamoureux. Il sera donc l’occasion de s’interroger sur la pertinence d’une reconnaissance d’une telle organisation sociale en droit français et sur la manière d’appréhender la famille sous un prisme polyamoureux.