La question du sensus fidei passée au crible du problème du développement dogmatique - Université catholique de Lille Accéder directement au contenu
Communication Dans Un Congrès Année : 2024

La question du sensus fidei passée au crible du problème du développement dogmatique

Résumé

La foi dogmatique est conditionnée par des énoncés qui permettent de se rappeler ce que l'on croit. La patristique a établi que l'adjonction de dogmes est à son tour conditionnée par les hérésiarques. Si le sensus fidei, le sens de la foi, est comme un instinct, ou flair, qui guide l’Église par une motion de tout le corps qu’elle est, vers une vie de foi plus ample et vers la prise de conscience d’un implicite vécu, on doit se rappeler que le dogme n’exprime pas nos énoncés de foi de manière précise et définitive. Aucun langage n’y arrivera, il y a un excès de ce qui est donné dans le Christ comme new being (Tillich), comme événement de rencontre de Dieu (Schillebeeckx). Si la théologie fonctionnait comme les sciences de la nature, elle pourrait prédire ce qu’on confessera ensuite, ou ce qu’on définira dans le cas d’un nouveau dogme. Or, même si l’Église porte en son sein cet enseignement à l’effet que des dogmes nouveaux, implicites, peuvent être dégagés, elle ne l’a fait que si peu de fois, que cela ne nous donne pas une base bien large pour en juger. S’il suffisait d’une contemplation heureuse des vérités de la foi, sans désir de les développer, pourquoi dès lors le problème s'est-il posé de chercher à justifier une autorité magistérielle qui s'étendrait même sur le dogme ? Du point de vue de la vie de la foi, c'est que les modes d'expression du rationnel sont invités à entrer dans l'appropriation juste d'un trésor inépuisable. Stanislas Breton à développé une suggestion qui fait intervenir des postures d'une certaine manière indépassables, qui viendraient réfracter le mystère en son aspect inépuisable et complémentaire. Il s’y inspirait d’une triade néoplatonicienne, donnant un « quasi-groupe » d’opérations. Or, à prendre au sérieux cette audacieuse proposition, lorsqu’il en appelle à reconnaître non seulement l’existence de fait mais la nécessité historique des autres traditions religieuses, nous arriverions à situer dans l'Église catholique, en cette densité de corps qui la caractérise, le projet de tirer du neuf de l'ancien. Peut-on toutefois se le représenter dans l’Église orthodoxe, Église-principe et son penchant pour la saisie de la gloire à sa source ? ou dans l'Église protestante témoignant de la radicalité de l'originel ? Pour illustrer comment le passage a dû se faire d’une conception notionnelle, homogène, et logicisante à une théorie du développement, à la présence d'une vie de la foi s'exprimant dans le sensus fidei, c'est-à-dire se tenant comme exigence implicite d'une foi qui sache se célébrer et vivre de l'appel à refléter la gloire divine, nous aurons recours à l’exemple du dogme de l’immaculée conception tel qu’il a été relu par Claude Tresmontant. Alors en effet, c’est la signification même de la grâce et du caractère peccamineux ou non de notre nature, qui est à même d’être interrogé sur des bases qui convoquent le dessein de Dieu sans en faire un réservoir de prémisses, en dépendance d’une théorie propositionnelle de la révélation.
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Dates et versions

hal-04457392 , version 1 (14-02-2024)

Identifiants

  • HAL Id : hal-04457392 , version 1

Citer

Philippe Gagnon. La question du sensus fidei passée au crible du problème du développement dogmatique. « Vérité théologique et sensus fidei », Faculté de Théologie de l'Université Catholique de Lille., May 2024, Lille, France. ⟨hal-04457392⟩

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